En été, lors de l’assèchement de leurs gîtes, les limnées s’enfoncent dans la vase. Elles entrent en état de vie ralentie. Les formes larvaires de la Grande Douve qu’elles hébergent sont souvent libérées plus tard, en début d’automne. En effet, c’est la période de la remise en eau des gîtes à limnées.
C’est l’automne, attention à la Grande Douve
Les larves ingérées par les bovins deviennent adultes environ 10 semaines plus tard. Elles se fixent alors dans les canaux biliaires. Cela entraîne, souvent en hiver, une « Fasciolose chronique ». Cette dernière témoigne peu de signes cliniques visibles. Cependant, elle engendre des pertes économiques liées à des baisses de production (baisse du GMQ, de la production laitière, de la fécondité, de l’immunité et de la qualité du colostrum).
Le diagnostic est donc difficile : en élevage infesté, la sérologie sur le lait de tank, la recherche d’œufs de Grande Douve dans les matières fécales de bovins ou la remontée des saisies de foie à l’abattoir pour présence de Grande Douve sont souvent faussement négatives. Une prise de sang sur plusieurs animaux d’un lot exposé permet de déterminer s’il y a eu un contact avec ce parasite.
Lors de « Fasciolose chronique » confirmée, l’utilisation en cheptel allaitant d’un douvicide actif sur les formes immatures et adultes permet une élimination rapide et durable des douves après le pic d’infestation de l’automne.
Le saviez-vous ?
À la fois mâle et femelle, les limnées sont des petits escargots d’eau douce. Ils vivent dans des zones d’eau stagnante de faible profondeur. Les berges de mares ou de cours d’eau, fossés, prairies marécageuses, zones de piétinement autour des abreuvoirs, empreintes humides de roues de tracteur, sont donc des zones à risque. En effet, les limnées respirent grâce à leurs poumons et ces espèces aquatiques doivent régulièrement refaire surface pour respirer.
Quelques ares humides suffisent pour contaminer les bovins, surtout
en période de sècheresse, où les bovins surpâturent ces lieux
Quand et comment traiter ?
Concernant les vaches laitières en lactation, l’oxyclozanide est actuellement un des rares principes actifs possibles. Cependant, il faut un délai d’attente lait de 4,5 jours. Le traitement est donc souvent administré au tarissement, alors que pour être efficace, il devrait être effectué 10 semaines après la rentrée à l’étable. C’est à ce moment que toutes les larves sont devenues adultes, et donc sensibles à l’oxyclozanide. De plus, il n’est pas rare que les parcelles humides soient réservées aux vaches taries. Des réinfestations sont donc possibles dans les jours qui suivent l’administration de ce produit non rémanent.
En élevage laitier ayant des contacts avec la Grande Douve, l’utilisation de l’oxyclozanide peut être raisonnée. Elle se fait sur prescription du vétérinaire traitant, en fonction de l’étendue des zones de présence des gîtes à limnées. Lorsque ces zones sont réduites, empêcher leurs accès aux bovins sera le plus judicieux. À l’inverse, traiter les vaches laitières pendant la période de préparation au vêlage et les génisses 10 semaines après leurs rentrées en bâtiment devient une stratégie judicieuse lorsque les mesures agronomiques ne sont pas réalistes, avec la présence de gîtes à limnées sur des zones.
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Christophe LEBOEUF
Vétérinaire-conseil GDS 50