Salmonellose GDS 50

Salmonelloses bovines : des élevages chroniquement atteints

Salmonellose GDS 50

Salmonelloses bovines : des élevages chroniquement atteints

Depuis 7 ans, des foyers de salmonellose sont réapparus sur le département de la Manche, entraînant parfois de lourdes pertes économiques (perte de bovins, avortements, chute de la production laitière, frais de traitements…) et le risque de contamination humaine (zoonose).

Depuis l’épidémie mondiale de salmonelloses digestives à Salmonella Typhimurium survenue à la fin des années 90, les cas de salmonelloses bovines sont restés relativement rares dans la Manche entre le début des années 2000 et 2017. Cette nouvelle épidémie confirme le caractère cyclique des vagues de salmonelloses bovines.
Les salmonelles actuellement en cause dans la Manche sont le plus souvent S. Montevideo, S. Mbandaka, et beaucoup plus rarement S. Typhimurium ou S. Dublin.
Entre ces vagues, le portage n’est pas rare. Une étude menée pendant l’hiver 2014/2015 par les GDS normands avait montré qu’au moins un quart des exploitations laitières normandes était concerné par la présence de salmonelles dans le lisier, en l’absence de cas clinique. Ce portage est le plus souvent lié à la consommation d’eau ou d’aliment contaminés au préalable par des animaux excréteurs. L’accès à des fossés au pâturage facilite ainsi la contamination des bovins (Image GDS). La présence intempestive d’oiseaux (pigeons, étourneaux) ou de rongeurs (rats, mulots…) peut véhiculer ces salmonelles d’une ferme à l’autre.

Le nombre de foyers de salmonellose clinique est en régression depuis quelques mois sur la Manche, avec cependant des cheptels où cette affection persiste cliniquement, notamment sous la forme d’avortements, parfois en série, et/ou de diarrhées fébriles.

Les mesures sanitaires préventives visent à casser ce cercle vicieux :

  • Distribuer exclusivement de l’eau potable (eau du réseau ou issue d’un captage privé correctement protégé des contaminations extérieures et contrôlé annuellement…), y compris dans les pâtures (bacs à eau). Faire procéder à un diagnostic de l’ouvrage en cas de résultats bactériologiques défavorables concernant l’eau captée. Lors d’utilisation de chlore, vérifiez régulièrement que la chloration est efficiente (une panne de la pompe à chlore passe parfois inaperçue).
  • Décaper régulièrement les abreuvoirs. Préférer des abreuvoirs vidangeables dans les bâtiments, ou des abreuvoirs autonettoyants (ex : Clean-flow ®) qui réduisent la fréquence de vidange.
  • Protéger les aliments des bovins vis-à-vis des nuisibles. Dératiser régulièrement les locaux d’élevage. Lutter contre les pigeons et les étourneaux dans les bâtiments. Nettoyer et désinfecter les cellules-silo de stockage des aliments.
  • Nettoyer quotidiennement les tables d’affourragement et les seaux des veaux.
  • Isoler dans l’infirmerie tout bovin suspect d’être atteint de salmonellose, pendant la durée du traitement et jusqu’à la disparition des symptômes. Proscrire l’utilisation de la maternité comme infirmerie.
  • Les avortons et les cadavres de bovins feront l’objet d’un stockage étanche (cloche à cadavre) jusqu’à leur enlèvement. Les placentas seront éliminés dans une fosse avec de la chaux.
  • Epandre les lisiers de préférence sur les labours. Sinon respecter un délai de 3 semaines avant le pâturage si le stockage se fait sans nouvel apport pendant 1 mois, voire un délai de 2 mois avant le pâturage si le stockage se fait avec des apports jusqu’à l’épandage.

Dans les cheptels atteints cliniquement, et outre ces mesures sanitaires, les traitements précoces et adaptés permettent la guérison des bovins présentant des diarrhées fébriles. Concernant les mesures préventives médicales contre les épisodes chroniques liés à S. Montevideo, le recours à un autovaccin est une alternative, sur prescription du vétérinaire traitant, et en complément des mesures sanitaires, le seul vaccin commercialisé en France ne contenant que les valences Typhimurium et Dublin.

Dr Christophe LEBOEUF, Vétérinaire-conseil GDS 50