Une nouvelle saison d’agnelages est en cours ou vient de commencer. Comment se préparer à accueillir ces agneaux dans de bonnes conditions et limiter les pertes ? C’est ce que nous avons vu début décembre lors des deux dernières formations organisées par le GDS à destination des adhérents. Retour sur les recommandations du Docteur vétérinaire Pierre Autef qui est intervenu lors de ces journées.
Réanimer les agneaux peu vigoureux
Il faudra déjà réanimer les agneaux ayant souffert à la naissance :
- Libérer les voies respiratoires : suspendre l’agneau la tête en bas pendant quelques secondes, puis extraire les mucosités encombrant sa bouche et son nez. S’il a trop souffert, lui faire faire de légers mouvements de balancier en le tenant par les pattes arrière.
- Stimuler la respiration : brin de paille introduit dans les narines, application d’eau froide sur la nuque, administration d’un médicament (type Dopram®) sur la langue, agneau positionné sur le ventre et présenté à sa mère.
Le colostrum, l’assurance vie de l’agneau
À la naissance, l’agneau est dépourvu d’anticorps et dispose de peu de réserves corporelles d’énergie. Il peut donc très rapidement mourir de refroidissement et / ou faire une maladie infectieuse.
Il est donc très important de lui donner rapidement un colostrum de qualité en quantité suffisante, qui lui apportera de l’énergie, des défenses contre les microbes et des minéraux et vitamines.
Un agneau doit donc absorber :
- Un volume de 200 à 400 ml de colostrum, soit environ 10 % de son poids ;
- Dans les 6 heures suivant sa naissance ;
- Dont le degré Brix mesuré au réfractomètre est supérieur à 22 %.
Le colostrum de bonne qualité peut être congelé dans des pots de 50 ml ou sous la forme de glaçons de 15 ml. Le décongeler dans un bain-marie à 37 °C. En distribuer au moins 50 ml par kilo de poids vif de l’agneau en deux buvées, en remplacement d’un mauvais colostrum.
Nourrir et réchauffer les agneaux en hypothermie
Au moindre doute, prendre la température des jeunes agneaux. Si elle inférieure à 39°C, le sécher soigneusement. S’il est capable d’avaler, lui apporter 4 à 5 fois du colostrum de qualité dans les 24 premières heures de vie (ou du lait s’il est âgé de plus d’un jour) à l’aide d’une sonde souple, reliée à un réservoir (type Pélican ®).
Pour les agneaux incapables d’avaler, il faudra injecter du glucose isotonique en intrapéritonéale. Demandez conseil à votre vétérinaire.
Le lait, le colostrum ou le glucose doivent être réchauffés à 39°C. Toujours nourrir ou apporter le glucose, avant de réchauffer l’agneau, pour éviter les crises d’épilepsie conduisant à sa mort.
Bloquer toutes les portes d’entrée des microbes
L’agneau doit recevoir des soins dès les premières heures de vie. Il faut notamment procéder à la désinfection systématique du cordon ombilical. Le mieux est de retourner le flacon contenant la solution désinfectante (teinture d’iode par exemple) pendant au moins 10 secondes sur le nombril. Éviter l’utilisation d’un pulvérisateur, qui ne permet pas au désinfectant de pénétrer dans le cordon ; ni de bombe aérosol, qui emprisonne les microbes déjà présents.
Attendre la seconde moitié de la première semaine de vie, pour poser la boucle à l’oreille sur un agneau suffisamment vigoureux. Désinfecter systématiquement les parties femelle et mâle de la boucle, la pince et l’oreille de l’agneau.
À la même période, la coupe de la queue pourra se faire. Pour éviter les infections, utiliser des anneaux en caoutchouc de qualité non fissurés. Les queues coupées trop courtes (anus non recouvert totalement) présentent un risque accru de complications.
Renforcer l’hygiène des lieux de vie des agneaux
Pour limiter la pression microbienne :
- Mains et matériel propres pour les interventions lors des agnelages ;
- Agneaux placés dans des cases désinfectées après passage ;
- Entretien des litières : pailler matin et soir, température du paillot inférieure à 35 °C, assécher (superphosphate, Saniblanc ®) ou modifier (Litterpure®, etc.).
Vacciner pour protéger les agneaux
Selon l’historique sanitaire de l’élevage, les mères peuvent être vaccinées en fin de gestation (colibacilloses, ecthyma, entérotoxémie et tétanos, pasteurelloses, rouget), pour protéger leurs agneaux. Si les mères n’ont pas été vaccinées et qu’un risque sanitaire est présent, pensez à vacciner vos agneaux.
En raison de rupture régulière d’approvisionnement dans les vaccins, pensez à les commander suffisamment tôt les doses nécessaires. En cas de rupture prolongée d’un vaccin, demandez à votre vétérinaire quelles solutions alternatives sont possibles.
La production d’agneaux assure la rentabilité économique de l’élevage de moutons. Il est donc important de limiter les pertes en assurant leur survie. Il faut donc mettre en place un ensemble de bonnes pratiques pour atteindre cet objectif.
Retrouvez cet article, ainsi que l’ensemble des dernières actualités de la section en consultant le GDS infos du mois de janvier 2024.
Jean-Marc CARBONIERE
Vétérinaire-conseil GDS 50