La bronchite vermineuse favorisée par des conditions météos spécifiques
L’hiver passé a été relativement doux. De fait, beaucoup de larves de dictyocaules déposées dans l’herbe à l’automne dernier ont résisté. Seuls le gel et la sécheresse, peu fréquents en Normandie, assainissent les pâtures. Ingérées par les bovins, une partie de ces larves va traverser l’intestin puis se transformer en vers adultes de 4 à 8 cm en quelques semaines dans les bronches.
Les milliers d’œufs pondus quotidiennement par ces vers adultes vont éclore directement dans l’appareil respiratoire du bovin. Ils donnent ainsi naissance à des larves qui remontent dans la trachée lors de la toux. Ces larves sont ensuite dégluties puis éliminées dans les bouses.
Peu mobiles, ces larves se déplacent loin des bouses avec l’aide de Pilobolus, champignon microscopique qui va, par éclatement, disperser les larves à 3 mètres de distance, ou plus lorsqu’il y a du vent, ce qui est également souvent le cas en Normandie. La pluie, les eaux de ruissellement et les vers de terre peuvent également assurer la contamination entre parcelles voisines.
Un hiver doux, un printemps avec une alternance de périodes ensoleillées modérément chaudes, et de périodes humides, ainsi que du vent : danger !
Disséminées dans l’herbe, ces larves se transforment en stade infestant en 2 à 3 semaines, parfois en moins d’une semaine lors d’alternance, observée en Normandie ce printemps, de périodes ensoleillées et modérément chaudes et de périodes humides. D’où un recyclage accéléré de ces parasites, avec la possibilité de déclencher dès la fin du printemps ou en début de l’été, des formes cliniques de bronchite vermineuse, liées à la présence en fortes quantités de vers adultes dans les bronches.
Différentes formes cliniques
Lorsqu’elle s’exprime, la bronchite vermineuse se traduit par des troubles respiratoires, généralement sans fièvre (sauf lors de surinfection), avec de la toux, une respiration difficile et accélérée, une baisse de la production laitière et un amaigrissement. Lors de très fortes infestations, cela peut se traduire par une détresse respiratoire (la tête allongée sur l’encolure et la bouche largement ouverte) et parfois la mort de l’animal par asphyxie en l’absence de traitement précoce.
Un diagnostic parfois délicat
En cas de suspicion clinique, le diagnostic de certitude consiste en la mise en évidence de larves infestantes dans les bouses (coproscopies), idéalement sur plusieurs animaux. En raison de sa faible sensibilité, il est judicieux de cibler, parmi les bovins malades, les primipares ayant vêlé depuis 1 à 2 mois environ. Le diagnostic est également possible par autopsie lors de mortalités.
Les larves sont très fragiles. Les bouses doivent être prélevées directement dans le rectum, conservées sous froid positif (glacière / réfrigérateur) et analysées dans la journée, dans un délai le plus court possible. Les analyses peuvent être individuelles, voire de mélange (mélanges réalisés au LABEO) ce qui permet de tester plus d’animaux.
Un résultat « faussement négatif » peut faire suite :
- Le plus souvent à un acheminement trop long et/ou avec rupture de la chaine du froid pendant le transport : attention lors d’acheminement par transporteur.
- À un début d’infestation datant de plusieurs mois, l’immunité bloquant la ponte : les vers adultes sont dans les bronches, et occasionnent de la toux, mais ne pondent plus d’œufs, donc pas de larves visibles dans les bouses.
- À un syndrome asthmatiforme de ré-infestation, sans larves dans les bouses.
Le saviez-vous ?
Une véritable course contre la montre…
Lors d’infestation, une protection immunitaire s’installe rapidement et limite la période de ponte. Fugace, cette immunité disparait en quelques mois en l’absence de contacts parasitaires. À la sortie de l’hiver, l’immunité est souvent quasi-nulle.
La survenue et la gravité des formes cliniques sont la résultante d’une course contre la montre entre l’installation d’une protection immunitaire et le niveau d’infestation des pâtures, avec, selon les conditions météorologiques et les conditions de pâturage, de la bronchite vermineuse parfois dès le printemps lorsque les conditions sont favorables, plus souvent pendant l’été ou à l’automne.
Les mesures de lutte contre la bronchite vermineuse
Lors d’un épisode clinique confirmé par des analyses, un traitement antiparasitaire précoce doit être initié, sur prescription du vétérinaire traitant, et le lot transféré vers une pâture saine afin d’éviter des récidives. Les rotations de parcelles limitent le niveau d’infestation des pâtures. Proscrire le surpâturage, et le déprimage par les adultes des parcelles réservées aux jeunes.
Dr Christophe LEBOEUF
Vétérinaire-conseil GDS 50