Le bovin cède de la chaleur à son environnement (air ambiant, sols, murs, matériaux…). La température qu’il ressent est liée à la quantité de calories perdues. Ces pertes sont limitées par le pelage, qui est un très bon isolant. Mais dès que l’humidité ou un courant d’air pénètrent le pelage, il perd son pouvoir isolant, et les pertes de calories s’accroissent considérablement. Deux salles, deux ambiances …
En hiver …
Un veau nouveau-né produit très peu de chaleur, et le peu de chaleur corporelle est vite perdue dans une ambiance froide et humide, ce qui le rend sensible aux maladies. L’ambiance dans une nurserie doit permettre d’apporter au veau les conditions thermiques optimales à son développement (cf. zone de neutralité thermique).
Le veau tolère un froid sec. Dans un bâtiment sans ventilation suffisante, l’humidité se concentre, ce qui est accentué en hiver, car la capacité de l’air à absorber la vapeur d’eau diminue avec la température ambiante (cf. encart ci-dessous). C’est une erreur grave de fermer les entrées d’air par crainte du froid en hiver !
Mais ces entrées doivent être correctement réparties et protégées (brise-vent adapté) car un courant d’air de plus de 1km/h au niveau du veau est également néfaste : la vitesse d’air qui fait vaciller légèrement la flamme d’un briquet fragilise la santé du veau !
En hiver, il faut donc :
– de l’air : l’évacuation d’un fumigène doit se faire entre 3 et 5 minutes. Au-delà, cela signe un défaut de ventilation ;
– mais sans courant d’air : en deçà, cela signe la présence de courants d’air néfastes.
Les pertes de calories sont également favorisées par la présence de matériaux (sols, parois) froids. L’isolation des murs est conseillée.
Un volume d’air excessif, de plus de 15 m3 par veau favorise les maladies respiratoires. Dans les cheptels avec un nombre très variable de veaux dans la nurserie selon les périodes de l’année, un compartimentage de la nurserie est judicieux : deux petites nurseries permettent un taux d’occupation optimal du bâtiment. Lors de périodes avec peu de vêlages, une des nurseries peut faire l’objet d’un vide sanitaire.
La mise en place de déflecteurs ou de faux-plafonds (tel qu’un cadre en bois avec une grille brise-vent géotextile, s’appuyant sur les barrières) mobiles sur une charnière (rabattable pour le curage) ou avec un jeu de poulies, sur un tiers environ de la case collective, permet de compenser des excès de volume.
Dans les nurseries enclavées, la ventilation dynamique est plus adaptée pour la maîtrise de l’ambiance.
Les bovins adultes sont moins sensibles au froid en raison de l’activité de la panse, véritable chaudière. Pour évacuer les gaz, la poussière et la vapeur d’eau (environ 25 litres par vache par jour), le volume d’air de la stabulation doit être renouvelé toutes les trois minutes, afin d’éviter le risque d’apparition de bronchopneumonies, favorisée par un taux d’humidité relative durablement élevé (cf. encart ci-dessous). Un test fumigène permet d’évaluer l’efficacité de ce renouvellement d’air.
En été …
En revanche, l’été, les bovins s’accommodent mal des températures élevées lorsqu’elles dépassent 21°C (cf. zone de neutralité thermique). L’été, on va rechercher des vitesses d’air importantes au niveau des animaux pour aider à évacuer la chaleur et baisser la température ressentie par l’animal.
Des rideaux modulables peuvent s’avérer judicieux dans les bâtiments de grande largeur ou situés en sites peu favorables à la ventilation, ou pour les troupeaux avec une occupation du bâtiment plus importante l’été, et notamment les systèmes avec traite robotisée.
Le saviez-vous ?
« Comme une éponge ! »
L’air atmosphérique contient toujours une quantité, variable, de vapeur d’eau. Sa capacité d’absorption de l’humidité dépend de sa température : plus l’air est chaud, plus il est capable d’en absorber.
A 5 °C, l’air peut absorber 5,4 g d’eau par m3, alors qu’à 20 °C, il peut en absorber 17,3 g. Si à 5°C, l’air contient 2,7 g d’eau, cela correspond à une humidité relative de 50%.
Comme pour une éponge, sa capacité d’absorption de l’eau est limitée. Cette limite est appelée saturation.
A saturation, l’excédent d’eau devient visible sous forme de fines gouttelettes d’eau : du brouillard se forme. Si la température descend pour une teneur en eau identique, l’humidité relative augmente.
Un taux d’humidité durablement supérieur à 80% dans un bâtiment d’élevage va augmenter les risques sanitaires, tels que l’apparition de maladies pulmonaires, et favoriser une augmentation de la température des litières avec des risques de mammites ou d’augmentation des taux cellulaires.
Dr Christophe LEBOEUF
Vétérinaire-conseil GDS50