cryptosporidiose des veaux gds manche

Du nouveau pour la Cryptosporidiose !

cryptosporidiose des veaux gds manche

Du nouveau pour la Cryptosporidiose !

La Cryptosporidiose est une maladie qui concerne à la fois les veaux laitiers et allaitants. Elle provoque ainsi des problèmes de santé et de production en élevage bovin. Ce qui n’est pas nouveau, c’est que les cryptosporidies sont des parasites présents dans quasiment toutes les exploitations. Ainsi, une majorité de veaux s’infestent par l’ingestion d’aliments (ou d’eau) contaminés. Ils s’infestent également par léchage de matériels (seau, litière, barrières ou parois de niches, etc.). Ils peuvent aussi se contaminer via des trayons souillés par des matières fécales contaminées. Le plus souvent, lors de faibles niveaux d’infestation, les signes cliniques sont absents ou discrets. Une immunité apparait alors (portage).

Une contagion explosive de la Cryptosporidiose

Dans certains élevages, lors d’infestation élevée, la destruction des villosités intestinales entraîne une diarrhée vers 8-10 jours d’âge, voire dès 4 jours lors de très fortes infestations et/ou si d’autres agents infectieux sont impliqués. Cette maladie peut également entraîner la mort, notamment si elle est associée à d’autres bactéries ou virus. La convalescence des veaux guéris est parfois longue. Les veaux malades excrètent pendant plusieurs jours plusieurs millions d’œufs par gramme de fèces. Ces derniers sont très résistants dans l’environnement. Le cycle parasitaire étant court, la contagion est souvent explosive.

Les épisodes cliniques sont le plus souvent liés à des facteurs de risque prédisposant à de fortes infestations. Par exemple : des bâtiments chargés, absence de local de vêlage spécifique, absence de case infirmerie (suffisamment spacieuse pour accueillir le veau malade et sa mère) et de coin-veau en atelier allaitant, absence de logement individuel en atelier laitier, hygiène insuffisante du matériel (seau, tétine, niche individuelle…), absence de vide sanitaire annuel.

L’eau non potable peut également être une source de contamination. Les œufs de cryptosporidies sont résistants à de nombreux désinfectants classiques tel que le chlore. Une attention particulière doit donc être portée aux captages privés à risque mais potables sur le plan bactériologique (absence de coliformes) grâce à l’utilisation d’un traitement avec du chlore. En cas de doute, le passage à l’eau du réseau est conseillé le temps de remédier à la qualité de l’eau issu d’un captage privé.

Que faire en cas d’épisode clinique avéré ?

Lors d’épisode clinique avéré de Cryptosporidiose et sur prescription du vétérinaire traitant, qu’est-ce qui est préconisé ?

  • La prévention médicale repose sur l’utilisation d’halofuginone sur les nouveau-nés, dans les 24 à 48 heures qui suivent la naissance, et à raison d’une fois par jour pendant 7 jours (en évitant une distribution aux veaux dont l’estomac est vide), en respectant la dose prescrite compte tenu des risques de toxicité de ce médicament. Certains auteurs préconisent le Nekka-Rich (charbon activé d’écorce de bois) comme une alternative intéressante à la prévention médicale.
  • L’arsenal thérapeutique est limité pour les veaux malades. En effet, depuis près de 2 ans, le Gabbrovet Multi® a obtenu une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) pour le traitement des diarrhées néonatales à cryptosporidies, en plus de celle contre les infections intestinales à E. coli sensible à la paromomycine, molécule antibiotique.

Préventivement…

Dans les élevages sans Cryptosporidiose clinique, les mesures sanitaires permettent de limiter le risque d’apparition de la maladie. Qu’est-il recommandé ?

  • Proscrire l’utilisation pour les vêlages d’une travée accueillant le lot des vaches taries ou d’un local servant également d’infirmerie.
  • Décaper, désinfecter (avec un désinfectant homologué contre les cryptosporidies) la maternité entre chaque série de vêlages. Puis mettre une litière propre et sèche entre chaque vêlage d’une série de vêlages rapprochés, ainsi que l’ensemble des bâtiments d’élevage au moins une fois par an.
  • Distribuer un colostrum de bonne qualité immunologique.
  • Séparer dès le 1er jour de vie les veaux laitiers de leur mère et loger les nouveau-nés dans un logement individuel décapé puis désinfecté entre chaque passage, en ajoutant une litière propre et sèche déposée sur un caillebotis. Les nurseries collectives des veaux âgés de moins de 3 semaines, avec litière posée directement sur un sol en terre battue sont fortement déconseillées car les mesures de nettoyage et de désinfection sont limitées.

Le saviez-vous ?

Les cryptosporidies peuvent également contaminer l’Homme (zoonose), avec des diarrhées chez les personnes fragiles, notamment les jeunes enfants. La Cryptosporidiose se manifeste ainsi par une diarrhée non sanguinolente, liquide ou glaireuse. Elle est parfois accompagnée de vomissements, d’anorexie, de douleurs abdominales, de fatigue et de fièvre. Les facteurs de risque associés à l’infection sont par exemple l’âge inférieur à 2 ans, l’exposition à de l’eau non traitée ou de l’eau de baignade, une visite à la ferme ou un contact avec des bovins, un voyage en pays en voie de développement et un contact avec une personne infectée.

 Lavez-vous fréquemment les mains avec du savon, après avoir manipulé des animaux ou travaillé à l’étable. L’utilisation de gel hydroalcoolique ne suffit pas.

Un nouveau vaccin pour protéger les veaux contre le Cryptosporidiose

Ce qui est nouveau, c’est l’apparition sur le marché de Bovilis Cryptium ®. Il s’agit d’un des tout premiers vaccins contre un parasite. Il est à administrer aux mères gestantes et permet de protéger les veaux contre la Cryptosporidiose. La distribution systématique dans les 6 premières heures qui suivent la naissance de 3 à 4 litres de colostrum issus des mères vaccinées, puis d’un lait de transition pendant les cinq premiers jours de leur vie permet une protection des veaux jusque l’âge de 15 jours. Ce vaccin, disponible en 1, 5, 20 et 50 doses, doit être conservé au froid (entre 2°C et 8°C), et peut être utilisé jusqu’à 28 jours après la première ponction du flacon, ce qui permet une grande souplesse d’utilisation.

Ce vaccin doit être injecté uniquement sur le côté du cou, sous la peau, dans des conditions d’hygiène rigoureuse afin d’éviter des réactions locales. Demandez conseil à votre vétérinaire traitant.

Dr LEBOEUF Christophe
Vétérinaire-conseil GDS50