Fièvre Q en élevage caprin : risque d’avortement mais risque aussi pour les personnes
La Fièvre Q en élevage caprin est une des causes principales d’avortement chez les ruminants. En effet, chez les caprins, elle est souvent la première cause d’avortement infectieux. Elle est aussi deux fois plus fréquente que chez les bovins. En plus d’être à l’origine de répercussions économiques, cette maladie est potentiellement dangereuse chez certaines personnes pouvant être infectées.
Des conséquences importantes sur la reproduction
La Fièvre Q sera suspectée sur les femelles reproductrices lors :
- D’avortements en fin de gestation ;
- De la naissance de chevreaux prématurés ou chétifs ;
- D’une recrudescence de la mortalité des chevreaux nouveau-nés.
Pour confirmer cette suspicion, la bactérie responsable de la Fièvre Q peut être recherchée sur l’avorton ou la délivrance ou les sécrétions génitales de l’avortée, qui sera isolée. Dans le cadre du protocole de diagnostic différentiel des causes d’avortement, le GDS 50 peut participer financièrement aux frais d’analyses. Consultez nos prises en charge ici.
Une bactérie très résistante dans l’environnement
Les femelles porteuses de l’agent de la Fièvre Q en excrètent par les voies génitales, lors des mises-bas. C’est encore plus le cas lors d’avortement et parfois aussi dans le lait ou les crottes.
Cette bactérie peut survivre plusieurs semaines dans des aérosols, plusieurs mois dans des poussières ou le sol. Aussi, elle résiste à la chaleur, au dessèchement, aux ultraviolets et aux désinfectants classiques.
Ainsi, les caprins et les personnes se contaminent en respirant de l’air contaminé.
Des précautions à prendre dans les élevages touchés
Les délivrances, notamment des avortées, doivent être détruites (enfouissement dans un trou avec de la chaux). De leur côté, les avortons doivent être protégés dans l’attente du passage de l’équarrisseur (bac ou congélateur). Les fumiers peuvent être décontaminés par le compostage. Mais on évitera de les épandre par temps venteux.
Une vaccination des femelles reproductrices est possible dès trois mois d’âge et doit être terminée au moins trois semaines avant la mise à la reproduction. Elle permet en effet de réduire le risque d’avortement. Elle réduit également l’excrétion de la bactérie dans le lait, les sécrétions génitales, les crottes et la délivrance.
Des cas parfois graves chez les personnes contaminées
Si l’infection humaine est souvent inapparente, elle peut parfois être à l’origine de séries de cas : pseudo-grippe, pneumonie ou hépatite, voire des fausse couche. Ces cas peuvent évoluer vers une forme chronique invalidante et nécessiter une prise prolongée d’antibiotiques.
La vigilance des élevages accueillant du public à la ferme est recommandée
Les visiteurs, au même titre que les éleveurs et les intervenants dans l’élevage peuvent ainsi être contaminés par les caprins ou leur environnement. Il est donc important de savoir si la bactérie est présente dans l’élevage.
Dans tous les troupeaux accueillant du public, il est recommandé de :
- Limiter l’accès des gens à risque cardiaque ou vasculaire, femmes enceintes, personnes âgées ou immunodéprimées, surtout durant les périodes de mises-bas.
- Si les visites continuent pendant les périodes de mise-bas, les chèvres ne doivent pas être accessibles aux visiteurs.
- Appliquer strictement les précautions recommandées (cf. plus haut)
Si la Fièvre Q est mise en évidence, il faut :
- Arrêter l’accueil du public dès la phase de suspicion,
- Mettre en place une vaccination du cheptel,
- Bâcher, composter ou inactiver les fumiers,
- Renforcer les mesures d’hygiène.
L’accueil du public pourra reprendre après la fin des mise-bas et la vérification de l’arrêt de l’excrétion de la bactérie.
La Fièvre Q est une maladie à ne pas prendre à la légère aussi bien pour la santé du troupeau que celle des personnes.
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Jean-Marc CARBONIERE
Vétérinaire-Conseil GDS 50