C’est ce que me confiait régulièrement un paysan de Saint-Didier-sous-Ecouves dans l’Orne. Cependant, lors d’alternances de périodes ensoleillées modérément chaudes et de périodes humides, observées actuellement dans la Manche, des risques sanitaires sont identifiés :
Un recyclage accéléré des larves de bronchite vermineuse
Disséminées dans l’herbe, ces larves se transforment généralement en 2 à 3 semaines en stade infestant, mais parfois en moins d’une semaine lors de ces alternances météorologiques, avec la possibilité de déclencher précocement, dès la fin du printemps ou en début d’été, des formes cliniques de bronchite vermineuse, liées à la présence en fortes quantités de vers adultes dans les bronches. Préventivement, les rotations de parcelles limitent le niveau d’infestation des pâtures. Proscrire le surpâturage, ainsi que le déprimage par les adultes des parcelles réservées aux jeunes.
Une exposition accrue aux tiques
L’activité d’Ixodes ricinus, tique la plus répandue en France, nécessite des températures comprises entre 7 et 25 °C environ. Ces tiques sont donc très présentes en Normandie, pendant une grande partie de l’année, et sur une végétation très variée. Mais leur activité est maximale lors de périodes orageuses, au cours desquelles elles peuvent transmettre activement aux bovins de nombreuses maladies, telles que l’Ehrlichiose. Préventivement, il est conseillé de réserver les parcelles à risques (présence de friches, haies, talus…) aux génisses, avant leur mise à la reproduction et en l’absence de traitement contre les tiques, ce qui permet l’acquisition d’une protection immunitaire sur ces élèves, moins sensibles à l’Ehrlichiose. Cette méthode est relativement efficace, mais aléatoire, avec parfois des lots non protégés. Il est également conseillé de limiter le contact entre les tiques et les vaches, ces dernières étant les plus sensibles à la maladie (avortements notamment) : défrichage, mise en place d’une clôture électrique en recul net par rapport aux talus ou les haies. Dans les cheptels où sévit régulièrement l’Ehrlichiose, une solution pour limiter le contact des vaches et des génisses gestantes avec les tiques est de les faire pâturer pendant la nuit, quand les tiques mordent beaucoup moins.
Ce genre de météo est également de nature à favoriser également le développement des culicoïdes, vecteurs de la MHE et de la Fièvre catarrhale, maladies émergentes dont la seule prévention efficace reste la vaccination.
Le paysan a tendance à dire que « Mars venteux, avril pluvieux et mai un peu chaud, font bouillir la marmite ». Mais sur le plan sanitaire, cela peut devenir une véritable cocotte-minute.
Christophe LEBOEUF, Vétérinaire-conseil au GDS 50