Une coulure de sang ou la présence de croûte de sang coagulé sur la peau d’un bovin traduit le plus souvent une piqûre de taon. Elle peut aussi être causée par une blessure par des fils de fer barbelé ou par un coup de corne. Plus rarement, ces saignements peuvent avoir une cause infectieuse ou toxique, surtout à la belle saison. Petit focus sur ces « sueurs de sang« .
La parafilariose bovine
Qu’est-ce cette affection causant des « sueurs de sang » ?
Cette affection est liée à la formation de nodules remplis de sang sous la peau la filaire par Parafilaria bovicola. Ce parasite est transmis d’un bovin à l’autre par des mouches. La Parafilariose est rencontrée dans de nombreuses régions du globe. En France, cette maladie a été signalée en zone allaitante.
Les nodules de la taille d’un pois à une noisette apparaissent au printemps, souvent à l’encolure et sur les épaules. Ce sont des tuméfactions remplies de sang dans lesquelles sont encapsulés des vers femelles. Par conséquent, lors de la ponte, les filaires femelles percent un trou pour pondre, par lequel s’échappe un filet de sang laissant une coulure de sang coagulé. Les premiers saignements s’observent donc au printemps. Ainsi, les mouches, attirées par le sang, ingèrent les œufs de ces parasites, d’où la diffusion sur d’autres bovins.
Quels sont les autres signes cliniques et les moyens de lutte ?
Les animaux touchés sont le plus souvent des bovins âgés de 2 à 4 ans, souvent des jeunes mâles. Les races allaitantes sont plus touchées que les races laitières. Sans traitement, la Parafilariose peut s’exprimer tous les ans sur le même animal, souvent un taureau. Les génisses sont parfois atteintes, plus rarement les vaches plus âgées. L’état de santé des animaux infestés est par contre normal. L’inconfort lié à la présence de ces nodules peut cependant entraîner une raideur dans la démarche de certains bovins atteints. La surinfection de ces nodules peut aussi parfois engendrer un abcès. Sur certaines carcasses, la cicatrice de ces nodules concerne le muscle, avec des saisies partielles possibles à l’abattoir. Le cuir peut également être dégradé.
Le dispositif de lutte repose sur l’utilisation de vermifuges adaptés (avermectines, lévamisole, nitroxynil) sur prescription du vétérinaire traitant.
De plus, la lutte contre les mouches (cf. GDS Information d’avril 2023) est indispensable ! Sans oublier qu’une larve tuée en avril, c’est un million de mouches en moins l’été.
Sueurs de sang : intoxication par la fougère aigle
Le manque d’herbe dans certaines parcelles, lié à la sècheresse, peut inciter les jeunes bovins à la consommer. Toute la plante, même sèche, est toxique pour la moelle osseuse.
La principale molécule toxique est le ptaquiloside (ou aquilide A), très cancérigène, qui induit une aplasie médullaire, entrainant un syndrome hémorragique.
D’abord, la forme chronique, devenue rare, peut apparaitre sur des vaches âgées ayant consommé pendant plusieurs années du foin ou de la litière contenant de la fougère : des tumeurs sur la vessie entrainent la perte de sang, avec émission intermittente d’urine brune, de l’anémie et un amaigrissement progressif.
Ensuite, la forme aiguë est plus fréquente, et s’exprime essentiellement chez les jeunes bovins de 6 à 12 mois, avec une hyperthermie prononcée (> 41°C), de l’abattement, une perte d’appétit, une hypersalivation, et un syndrome hémorragique : du sang sortant des naseaux, par la bouche, par l’anus, et des hémorragies de la peau ou « sueurs de sang » ! Le traitement est généralement illusoire. L’évolution est donc le plus souvent mortelle quelques jours après l’hyperthermie. Des lésions hémorragiques généralisées sont retrouvées à l’autopsie.
En période de sècheresse, il convient donc d’être vigilant, afin d’éviter la consommation excessive de fougères par les jeunes bovins. Par conséquent, retirez les bovins des parcelles à risque et éliminez les fougères des talus.
Retrouvez cet article ainsi que l’ensemble des dernières actualités de la section en consultant le GDS Infos du mois d’avril 2024.
Dr Christophe LEBOEUF
Vétérinaire-Conseil GDS 50