Chaque année, des vaches laitières sont concernées par des mammites sévères au tarissement. En effet, ces mammites suraiguës surviennent dans les 48 heures qui suivent le tarissement.
Classiquement, le tableau clinique se traduit par une modification de la mamelle (chaude, dure et parfois gangrenée) et du lait (lait sanguinolant ou avec un aspect de cidre). La production de toxines est responsable de troubles généraux graves, entraînant souvent la mort d’une voire de plusieurs vaches. ainsi, ces cas surviennent qu’il y a eu ou non l’application préalable d’un antibiotique intra-mammaire au tarissement.
Pseudomonas, cette bactérie résistante, présente au mauvais endroit, au mauvais moment…
Ces mammites suraiguës sont généralement accidentelles, alors que le trayeur procède de la même manière depuis des années sans problème particulier. Il s’agit habituellement d’une « séance malheureuse » de tarissement d’un lot de vaches, avec une bactérie, Pseudomonas (moins souvent une klebsielle ou un colibacille) résistante à de nombreux antibiotiques, présente :
- « Au mauvais endroit »: lors d’une désinfection non maîtrisée, ces bactéries peuvent se retrouver au bout du trayon, sur les lavettes, sur les mains, voire dans un gobelet trempeur insuffisamment décapé (biofilms de Pseudomonas). Ne pas tremper les tubes dans un seau d’eau avant leur utilisation ! La contamination peut aussi avoir lieu l’été, lorsque les vaches taries se regroupent dans des zones ombragées souillées par leur bouse.
- « Au mauvais moment » : le tarissement entraîne de profonds bouleversements physiologiques au sein de la mamelle, favorisant le développement explosif de ces bactéries introduites accidentellement lors de la séance de tarissement.
Pour certains auteurs, ces bactéries pourraient parfois être hébergées dans la mamelle avant le tarissement, sans manifestation clinique. Ainsi, l’arrêt de la traite permettrait leur multiplication brutale et dramatique. Cela peut de fait expliquer des mammites suraiguës isolées.
Mammites sévères au tarissement : « Ne pas introduire le loup dans la bergerie ! »
En l’absence de facteurs de risques clairement identifiés, la prévention repose essentiellement sur les mesures d’hygiène suivantes lors de la séance de tarissement :
- Porter une tenue propre ;
- Se laver méticuleusement les mains au savon puis les désinfecter ;
- Porter une paire de gants à usage unique (c’est-à-dire une paire neuve à chaque vache) ;
- Utiliser des lingettes désinfectantes pré-imbibées fournies, en insistant sur le sphincter pendant au moins 30 secondes. Ne pas revenir avec la lingette sur le sphincter lorsque celle-ci a touché le corps du trayon ou les cuisses. Répétez l’opération avec autant de lingettes qu’il faudra, jusqu’à ce qu’elles soient visuellement propres.
- Ouvrir le capuchon de la seringue au dernier moment, juste avant d’administrer l’antibiotique et/ou l’obturateur. Lors de l’utilisation d’un obturateur, pincez la base du trayon et injectez lentement le contenu de la seringue afin d’éviter sa remontée au-delà de la citerne du trayon. Certaines seringues contiennent de l’air : si vous l’injectez, il risque de pousser l’obturateur trop loin (cf. encadré « Le saviez-vous). En cas d’utilisation d’obturateurs sans antibiotique, leur administration doit être correcte, afin de ne pas introduire de bactéries dans le quartier, et d’éviter d’introduire le loup dans la bergerie ! Un obturateur correctement posé est cependant une réelle sécurité pour ce type de mammite, alors que les seringues antibiotiques ne sont souvent pas suffisantes à détruire ces bactéries multi-résistantes.
- Maintenir les vaches dans un environnement propre et les surveiller dans les jours qui suivent le tarissement.
Le saviez-vous ?
« Il ne faut pas pousser le bouchon ! »
Un trayon sur trois ne serait pas fermé plusieurs semaines après le tarissement, représentant un risque non négligeable pour le quartier d’être contaminé. Un obturateur correctement posé est de fait une sécurité contre les nouvelles infections, fréquentes pendant la période sèche.
Mais l’administration de ces bouchons doit être efficace.
Certaines seringues contenant l’obturateur contiennent aussi de l’air. Si vous l’injectez, il risque de pousser l’obturateur trop loin. Le trayon ne sera donc pas fermé et la vache ne sera pas protégée contre les nouvelles infections. Il y a un risque de mammite !
Selon le type d’obturateur que vous utilisez, il faut donc chasser l’air en suivant les préconisations du fournisseur. Vous pouvez par exemple appuyer sur le corps de l’injecteur avec deux doigts, et de l’autre main, appuyez sur le piston pour chasser l’air, sans enlever le capuchon : l’air s’échappe par le piston. Demandez conseil à votre vétérinaire traitant.
Ne pas oublier de pincer le trayon à sa base avant d’infuser l’obturateur afin qu’il reste dans le canal du trayon.
Certaines seringues ont un capuchon sécable en leur milieu. Cela permet par conséquent de choisir entre une insertion partielle ou totale de l’embout. Demandez conseil à votre vétérinaire traitant pour optimiser l’utilisation de ces seringues.
Après avoir injecté les 4 obturateurs, il est recommandé d’appliquer un produit de post-trempage désinfectant en couvrant entièrement la surface de chaque trayon.
Retrouvez cet article sur les mammites sévères au tarissement, ainsi que nos dernières actualités, dans le GDS Infos bovins d’avril 2024.
Dr LEBOEUF Christophe
Vétérinaire-conseil GDS50