maladies vectorielles gds manche

Les principales maladies vectorielles qui menacent la Manche

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Les principales maladies vectorielles qui menacent la Manche

Quelles sont les principales maladies vectorielles qui menacent la Manche de nos jours ?

Les maladies vectorielles des bovins sont les maladies transmises par les tiques, les moucherons et les mouches. Dans la Manche, où en est-on ?

Concernant les maladies vectorielles transmises par les tiques :

Compte-tenu qu’il est impossible d’éradiquer les tiques, la solution la plus raisonnée est de privilégier l’acquisition de l’immunité des bovins contre les principales maladies qu’elles véhiculent. On retrouve par exemple la Piroplasmose et l’Ehrlichiose.

Globules rouges et globules blancs…

En Normandie, l’exposition importante des bovins depuis plusieurs décennies à des tiques contaminées par les piroplasmes (parasites responsables du « pissement de sang ») a permis l’installation d’une immunité protectrice dans la majorité des troupeaux. Les cas cliniques graves concernent surtout des bovins issus de régions indemnes puis introduits en zone contaminée, ou issus d’un cheptel avec un brassage régulier ne permettant pas l’installation d’une protection stable du troupeau, ou lors de l’exposition d’un troupeau sain par la reprise de pâtures infestées de tiques contaminées, ou lors de rupture d’immunité. Ils se manifestent par l’émission d’urines foncées, liées à l’éclatement des globules rouges provoqué par un petit parasite, le piroplasme. L’hyperthermie est prononcée, et le bovin, anémié, perd l’appétit. D’où une chute brutale de production. Ainsi, en l’absence de traitement précoce, cela peut conduire à la mort du bovin malade.

L’Ehrlichiose a été identifiée dans la Manche au début des années 2000. Elle affecte les globules blancs. Elle entraîne de fait chez les bovins, pendant la saison de pâturage, une sorte de grippe avec une fièvre prononcée (40 à 42°C) et une chute de production marquée sur les laitières. Des signes respiratoires peuvent aussi accompagner ce tableau clinique avec une toux sèche puis grasse. Dans certains cas, il est également observé un engorgement des boulets. Ainsi, l’Ehrlichiose est responsable, dans la Manche, pendant la saison du pâturage, d’une partie importante des avortements.

Dans les cheptels concernés par des cas cliniques d’Ehrlichiose et/ou de Piroplasmose, il est conseillé de favoriser l’exposition aux tiques des génisses avant leur mise à la reproduction en leurs réservant des parcelles à risques.  Il est également préconisé de limiter le contact des adultes avec les talus et les haies.

Concernant les maladies transmises par les moucherons « culicoïdes » :

Entre l’accouplement et la ponte, les culicoïdes femelles doivent faire un repas de sang. C’est cela qui permet la transmission de maladies chez les bovins.  Les principales maladies transmises par ces moucherons sont la Fièvre Catarrhale Ovine (FCO), la maladie de Schmallenberg et la Maladie Hémorragique Epizootique (MHE) :

Des vagues épidémiques…

  • Un variant de la FCO à sérotype 8 est apparu depuis août 2023 dans le sud du Massif central. Il s’est propagé en tache d’huile en quelques semaines. Cette nouvelle souche serait plus virulente que celle apparue en France en 2007 puis en 2015. Elle peut donc entrainer de lourdes pertes dans les élevages touchés.
  • Une épidémie de FCO à sérotype 3 a démarré aux Pays-Bas en septembre 2023. Le virus s’est propagé dans tout le pays. Il a ensuite été détecté à l’automne en Belgique, en Allemagne et au Royaume-Uni. Aucun foyer n’a été déclaré en France au 10/06/2024. Sur le plan clinique, ce sérotype serait beaucoup plus agressif chez les ovins, avec un taux de mortalité élevé. La production laitière des bovins est aussi affectée lors du passage du virus.
  • Le virus de Schmallenberg, identifié pour la 1ère fois fin 2011, entraîne des malformations congénitales (membres, colonne vertébrale, tête) des nouveau-nés. Il circule depuis à bas-bruit.
  • Les premiers foyers de MHE ont été détectés en France le 18 septembre 2023 dans des élevages de bovins du sud-ouest. La progression de la maladie a été considérablement ralentie pendant l’hiver. En effet, si 4310 foyers ont été déclarés à la date du 5 juin 2024, la grande majorité de ces foyers ont été détectés avant l’hiver. Ils étaient de plus quasiment tous cantonnés dans le sud-ouest au début du printemps. On note cependant un foyer à nos portes, confirmé en Loire-Atlantique dès la fin du mois de novembre.

Accalmies et réapparition ultérieure de nouveaux foyers

Ces maladies véhiculées par les culicoïdes évoluent par « vagues épidémiques », avec des épisodes cliniques (2007/2008 pour la FCO – 2011/2012 pour Schmallenberg). Elles sont ensuite suivies de périodes d’accalmies liées en partie à l’installation d’une immunité. Elles réapparaissent ensuite via de nouveaux foyers lorsque les animaux sensibles redeviennent majoritaires (FCO et Schmallenberg en 2016/2017). La lutte contre ces maladies repose sur la vaccination des femelles sensibles quand un vaccin est disponible (FCO de sérotype 8) et sur la lutte contre les culicoïdes. Les habitats favorables au développement de ces moucherons sont les matières organiques (effluents d’élevage, résidus d’ensilage, etc.), les berges de ruisseaux, les sols marécageux, les tourbières, les trous d’arbres, les excréments d’animaux.

Concernant les maladies transmises par les mouches piqueuses :

La Besnoitiose est liée à un petit parasite microscopique. Elle se caractérise par une phase fébrile, l’apparition d’œdème, puis l’épaississement de la peau et un amaigrissement. Cette affection est installée dans le sud de la France depuis plusieurs décennies, et menace la Normandie depuis 15 ans.

Elle est transmise par des mouches piqueuses telles que les taons et les stomoxes (ou « mouche des étables »). C’est une transmission mécanique, avec des agents de la Besnoitiose présents pendant quelques heures sur la trompe de ces mouches ayant piqué un bovin contaminé, les parasites se trouvant dans la peau des bovins porteurs. Ces mouches étant peu mobiles, la diffusion se fait donc surtout au sein d’un même cheptel, ou lors de brassage de troupeaux. Les marais de la Manche constituent un biotope particulièrement favorable aux taons. Ils présentent en effet un risque avéré pour le développement de la Besnoitiose du fait du mélange des troupeaux. Le risque est donc lié à l’introduction d’un bovin porteur sain. Nous vous recommandons d’exiger auprès d’un vendeur un contrôle négatif lors d’achat de bovins issus du sud de la France.

Une remontée inexorable vers le nord de la France…

Le dispositif de surveillance renforcée de la Besnoitiose mis en place en 2021 dans la Manche a permis de repérer et d’éliminer une centaine de bovins contaminés. Cela a permis d’éviter l’installation durable de cette maladie.


En bref

Afin de réduire le risque d’apparition de ces maladies vectorielles dans les exploitations de la Manche, il est conseillé :

  • De favoriser l’exposition aux tiques des génisses avant leur mise à la reproduction en leurs réservant des parcelles à risques pour permettre l’installation d’une immunité protectrice,
  • De maintenir les bâtiments et leurs abords propres et secs, sans résidus d’ensilage ou d’aliments en décomposition, sans bouses sèches collées sur les murs et les tubulaires. Il est conseillé de vider et de nettoyer les fumières avant les premières chaleurs.
  • De vacciner contre les maladies virales transmises par les culicoïdes, dès lors qu’un vaccin existe (FCO de sérotype 8 à ce jour) avant la période d’activité de ces moucherons, surtout lors de l’arrivée d’une vague épidémique,
  • D’éviter l’introduction de bovins issus des régions contaminées.

Les insecticides, utilisés ponctuellement dans le cadre règlementaire lors de situation à risque (rassemblements, mouvements), ne peuvent pas constituer la base d’une stratégie de lutte collective. En effet, ils n’évitent pas toutes les piqures d’insectes d’une part. D’autre part, il n’est pas recommandé de les utiliser de façon continue et régulière d’autre part.

Attention aux élevages dont les bovins ne sortent pas, excepté les vaches laitières au tarissement. En effet, l’absence d’exposition des génisses aux vecteurs (tiques, moucherons, etc.) induit l’absence d’immunité. De plus, les brefs contacts une fois devenues vaches suffisent parfois à provoquer de graves troubles sanitaires.

L’évolution des maladies vectorielles a été évoqué lors de l’Assemblée Générale de GDS France : cliquez ici

Christophe LEBOEUF
Vétérinaire-conseil GDS 50